Un ouvrage consacré au «Clan de Kloten» dépeint l’avenir de l’aéroport en couleurs très sombres.
Catherine CossyLe moment choisi pour la sortie de presse lundi d’un ouvrage consacré au «Clan de Kloten»* ne doit rien au hasard. C’est le 1er septembre en effet que Unique ouvre au public son nouveau terminal, baptisé sèchement Dock E, un nom qui n’évoque en rien la splendeur architecturale de ce vaisseau surdimensionné au cœur des pistes. Car entre-temps même Josef Felder, le directeur de Unique Zurich Airport, le reconnaît: l’aéroport est aujourd’hui nettement trop grand.
L’auteur de l’ouvrage, le journaliste économique Lukas Hässig, qui a travaillé pour le service de communication de Unique de 1999 à 2001, a beau jeu de le rappeler. La cinquième extension de l’aéroport, dont près de la moitié des coûts de 2,2 milliards de francs sont allés à la construction du nouveau dock, a été planifiée pour accueillir 30 millions de passagers, un volume qui a fondu de moitié ces deux dernières années. Les responsables de la société exploitante et les politiciens zurichois ont selon lui péché par excès d’optimisme: d’abord en misant sur une croissance constante du trafic aérien lorsqu’il s’est agi de convaincre le peuple zurichois en 1995 de débloquer un crédit de 873 millions de francs. La pointe de 326 000 mouvements enregistrée en 2000 est retombée à 282 000 en 2002.
Ce refus de fixer un plafond à la croissance de Kloten est à l’origine également de la crise avec l’Allemagne: les voisins ont trop longtemps été considérés comme quantité négligeable sur la voie de l’expansion sans limite. Le chaos menace si une solution durable pour les approches et les décollages ne peut pas être trouvée avec tous les partenaires.
Lourdes charges pour 2004
Excès de confiance également envers Swissair, compagnie garante du concept de plaque tournante intercontinentale (hub), dont personne n’a envisagé sérieusement la disparition. L’auteur de l’ouvrage estime que Unique aurait pu et dû, au printemps 2001, lorsque Mario Corti a repris les commandes de la compagnie à la dérive, interrompre les travaux pour le Dock E. La perte sèche de 600 millions de francs aurait pesé moins lourd que les 100 millions qui vont peser pour longtemps encore chaque année sur les bilans de la société.
Car Lukas Hässig estime que l’aéroport joue sa survie: en 2004, la charge des crédits atteindra 100 millions de francs, tout comme les pertes liées à la diminution du trafic aérien et des passagers. La solution, selon lui, passe par une meilleure rentabilisation des surfaces commerciales, par l’acquisition de nouvelles compagnies bas coûts et par la fermeture du nouveau terminal E, même pas encore ouvert au public!